Domaine Pierre GOIGOUX

D’année en année, en surface les vignes se déploient et s’étendent à vue d’œil sur les côtes de Châteaugay. En profondeur, c’est autre chose : les racines les plus fortes, chez ce fils d’ouvrier et petit-fils de paysan, sont d’abord celles d’un pays, de cette Auvergne dont les grappes ne furent longtemps qu’une richesse bien fanée… Chez Goigoux comme ailleurs, la transmission familiale a préservé les savoir-faire du raisin. Pierre ne concevrait pas l’amour du cépage sans celui du paysage, ni les joies du vigneron sous d’autres horizons qu’entre Limagne, Dômes et Sancy.

De ces passions entrelacées, il tisse depuis un quart de siècle un domaine patiemment porté à une vingtaine d’hectares. Au cœur des divers cépages – au gamay se sont joints du chardonnay, du plus rare pinot noir, le “neyrou” de jadis, et récemment de la petite syrah –, il a fini par bâtir sa demeure, comme il en rêvait de longue date. Modernisée, mécanisée, sa production ne prend son sens qu’en reflet du passé de ce vignoble, à raviver absolument. Ainsi Pierre Goigoux explora d’abord l’ancien cadastre chateaugayre du XIXe avant de replanter : « Guère plus grand qu’aujourd’hui, le vignoble était déjà dans ces côtes où j’ai été, somme toute, me “relocaliser”… » L’enjeu est double et indissociable : restaurer la mémoire d’un métier et le visage d’une contrée, en rétablissant le respect dû à des vins de qualité que le vingtième siècle plongea dans l’oubli, ou pire, dans le déni… « J’aime et je respecte tous les vins, mais pour faire progresser les nôtres, il a fallu se battre plus qu’ailleurs, sans pouvoir s’appuyer sur une appellation. Aujourd’hui, notre cahier des charges est bien maîtrisé, et j’ai confiance : au fur et à mesure que nos vignes auront pris de l’âge, les grands vins d’Auvergne seront de plus en plus reconnus. »